Avez-vous remarqué comme les couleurs nous semblent naturellement associées à un genre ? Rose pour les filles, bleu pour les garçons... Mais est-ce que ces associations ont toujours été les mêmes, sont-elles aussi ancrées dans la nature que ce que nous pouvons penser ? Pour le savoir, il est important de se plonger dans l'histoire des couleurs parce que non, ces codes sont loin d'être universels et sont des constructions sociales qui ont évoluées avec le temps et la culture.

L'histoire des couleurs

Antiquité et Moyen Âge

Le bleu a été un temps attribué aux garçons parce que couleur du ciel, donc du divin, puis au moyen âge tout change en Europe. Le bleu étant la couleur de la Vierge Marie, il est maintenant associé aux filles. Le rose, venant du rouge, (couleur du sang) il représenterait donc la force et devient la couleur associée aux garçons.

Le rose revient à la mode pour les femme

Au XVIIIe siècle la marquise de Pompadour, remet le rose au goût du jour et femmes et filles de la cour s’en emparent.
Et comme dès qu’une femme fait quelque chose les hommes ne veulent plus le faire, le rose n’est plus utilisé par les hommes.

Le rose est peut être revenu à la mode pour les femmes mais il faut tout de même noter que l'on parle des femmes bourgeoises et de la cour et pas d'une mode généralisée. Les enfants et bébés eux, restent sur des vêtements plus basiques, écru ou blanc et surtout filles et garçons sont en robe. Jusqu’à l’arrivé de la marche les bébés sont emmaillotés puis ensuite ils passent à la robe vers 2 ans. Avant 6 ans, il n'y avait pas de réelle distinction vestimentaire entre les filles et les garçons.

Les couleurs, une histoire culturelle

Dans cet article nous faisons le focus sur la répartition des couleurs rose et bleu en fonction du genre dans la société occidentale. Cependant il n'y a pas que ces codes ci qui concerne les couleurs, en effet nous pouvons faire une digression sur les couleurs liées au deuil qui par exemple peuvent changer du tout au tout selon les cultures. En Europe le noir est de mise alors qu'en Inde et au Japon au pleure ses morts en blanc, en Chine ce sera le rouge qui est attendu...

L'arrivée du marketing

Les débuts de l'industrialisation de la mode

À partir des années 1920 les choses évoluent, la culotte courte se démocratise et la robe devient peu à peu un vêtement féminin.

La mode enfantine naît et les maisons de coutures lancent les premières collections. Le nombre d’enfants par famille ayant beaucoup diminué durant les 100 dernières années, les industriels du textile décident alors de renforcer les codes genrés pour dynamiser le marché. De ce fait, on ne se transmet plus les vêtements dans la famille et on préfère repasser par la case achat.

La généralisation du marketing

Plus généralement, le genre s’impose dans la manière dont on pense les produits (marketing) et la communication. Chaque produit doit correspondre à une cible bien précise et le premier critère de segmentation du marché est alors le genre. Les industriels proposent donc des produits qui correspondent à une vision très genrée et stéréotypée des personnes.

Aujourd'hui, une séparation en fonction du genre se retrouve sur tout un tas de produits aussi différents les uns que les autres : vêtements, jouets, livres ou magazines, porte-feuilles, bijoux,  parfums, déodorants, gels douche, chaussures... le marketing-genré est partout et nous semble “naturel”, ce qui pose la question de son impact sur nos vies et celles des enfants.

Impact du marketing genré sur la société

Les conséquences individuelles

Malgré un choix totalement arbitraire dans cette association de couleurs, elle façonne la façon dont nous nous voyons et la façon dont nous percevons les autres dès le plus jeune âge. L'impact, notamment sur la socialisation des enfants est importante.

En séparant les filles et les garçons, en les cantonnant à des activités stéréotypées nous restreignons les possibilités des enfants et freinons leur développement personnel. Ces freins peuvent ensuite générer des sentiments d'inéquation chez eux puisque leurs envies, leurs goûts peuvent ne pas correspondre aux schémas qui leurs sont proposés.

Les inégalités de genre et l'impact social

Le fait de genrer les couleurs est donc bien moins anodin que ce que l'on peut donc penser. Déjà sur l'épanouissement personnel mais aussi sur des enjeux plus globaux comme les inégalités de genre. En perpétuant les stéréotypes de genre, nous perpétuons aussi des normes sexistes qui engendre les inégalités. En effet en limitant les possibilités de chacun.e sur des jeux, des compétences, des activités sportives nous limitons aussi les possibilités autour de l'imaginaire, des métiers, des rôles dans la sociétés et les relations interpersonnelles.

Comment peut-on être étonné.e des chiffres sur la répartition des tâches domestiques (70% des tâches liées à la maison ou aux enfants sont faites par les femmes) quand on offre exclusivement aux petites filles des cuisinières, des poupées, des set de ménage et qu'on leur dit que c'est pour faire comme maman ? Comment peut-on être étonné.e de la surreprésentation des hommes dans les métiers liés à l'ingénierie (76% sont des hommes) quand on offre les jouets de construction et de réflexion plus volontiers aux garçons qu'aux filles ?

En conclusions, nous avons pu voir que les normes qui semblent établies de manière naturelles sont en fait en constante construction et déconstruction selon l'époque, le lieu, la culture. Il est donc essentiel de connaître l'histoire, rester critique mais aussi apprendre l'esprit critique aux enfants pour que nous puissions œuvrer pour le bonheur de ces derniers et une société plus égalitaire.